Compteurs LINKY : Pour un Libre Choix des Citoyens

Je reçois ces derniers jours de nombreuses questions sur le compteur LINKY en cours de déploiement actuellement sur Biarritz* par ERDF.

Les interrogations des citoyens concernant l’impact de ces nouveaux compteurs sur la vie privée, la sécurité et la santé sont bien légitimes avec toutes les informations contradictoires qui circulent.

Force est de constater que le déploiement du LINKY a été enclenché avant que toute la pédagogie nécessaire soit faite, et avant que des études techniques et sanitaires indépendantes soient réalisées.

D’après les données rassurantes fournies par ERDF, ces compteurs communicants n’émettent que quelques secondes par jour (moins d’une minute) à des niveaux largement inférieurs à des objets de la vie courante comme un fer à repasser ou un sèche-cheveux.

Mais citoyens et élus ne peuvent se contenter des seules informations fournies par ERDF, et des questionnements subsistent sur le passage du CPL (Courant Porteur en Ligne) par les câbles électriques domestiques, la sécurité des données personnelles ou des installations.

Dans ce débat technique, les élus se retrouvent souvent démunis pour répondre aux inquiétudes des administrés. François Baroin, président de l’Association des Maires de France, s’en est ému auprès du Premier Ministre dans une lettre* où il demande une expression urgente de l’État sur ce dossier.

Au débat technique, est venu se greffer un imbroglio juridique : une commune, propriétaire des compteurs, peut-elle s’opposer à l’installation de compteurs communicants par principe de précaution ?

Même si une centaine de communes en France, comme Tarnos, ont déjà pris des délibérations s’opposant au déploiement du LINKY sur leur territoire, celles-ci sont contestées au motif que les communes ne seraient pas compétentes en énergie (surtout quand elles ont délégué la compétence du réseau électrique à un syndicat territorial d’énergie ou à une intercommunalité) et qu’une délibération municipale ne peut s’imposer sur une volonté affirmée de l’Etat et une disposition de la Loi de Transition énergétique.

Dans une logique démocratique, cela ne devrait être ni à l’Etat d’imposer à tous les citoyens un compteur communicant, ni à des communes de le refuser pour tous. Cela devrait être au citoyen de pouvoir CHOISIR en donnant son consentement éclairé après avoir reçu toutes les informations nécessaires (c’est ça être « consom’acteur », terme employé par ERDF pour désigner les usagers qui s’équiperaient du Linky).

Certains choisiraient de garder leur ancien compteur, d’autres d’en avoir un nouveau non communicant, et tous ceux qui seraient séduits par le LINKY opteraient pour lui, à partir du moment où ils estimeraient que les avantages de ce compteur (pour suivre leur consommation, réduire leur facture, etc.) sont supérieurs aux désavantages réels ou ressentis.

Rien de tout cela dans la procédure actuelle où vous recevez un courrier vous avertissant qu’une entreprise agréée par ERDF va venir à votre domicile dans les prochains jours pour poser un compteur LINKY en quelques minutes, mais à aucun moment on ne demande l’avis ou le consentement du consommateur, alors que cette installation constitue une modification substantielle du contrat signé avec le fournisseur d’électricité.

C’est dans ce sens que la Ligue des Droits de l’Homme vient de demander un moratoire* à l’installation des compteurs. La LDH demande que le consentement de l’usager pour le transfert de ses données soit clairement recueilli dès le courrier annonçant le remplacement des compteurs, et que soient effectuées les « expertises scientifiques nécessaires afin de répondre aux craintes qui ont pu être exprimées ».

Les personnes qui refusent les compteurs Linky ne sont pas toutes technophobes ou obscurantistes comme certains articles orientés tendent à le faire croire. Beaucoup de personnes avec qui je discute sont des citoyens avertis ou férus de nouvelles technologies qui ont pris toutes les informations disponibles avant de prendre leur décision.

A titre personnel, j’ai décidé de ne pas faire installer de LINKY à mon domicile pour le moment : parce que je ne souhaite pas qu’un tiers puisse avoir accès à ma consommation détaillée d’électricité dans la sphère privée, et dans une logique de diminuer au maximum mon exposition électro-magnétique.

Parmi les objets de la vie courante, ce n’est certainement pas le LINKY qui émet le plus, à côté des ondes électromagnétiques émises par nos téléphones portables, les box WiFi ou les téléphones DECT. Mais Linky est peut-être la goutte d’onde qui fait déborder le vase de l’électrosmog de plus en plus généralisé que nous subissons. C’est le bon moment pour ouvrir un grand débat de société : voulons-nous tous de ce monde hyperconnecté qu’on nous impose ? Où est-il temps de définir des priorités dans l’utilisation de ces technologies qui se démultiplient à grande vitesse, sans avoir toutes les garanties sanitaires pour leur utilisation cumulée ?

Si demain, des études indépendantes ou les travaux de l’ANSES venaient à me convaincre, je me réserve la possibilité de changer d’avis mais pour l’heure, je tenterai de faire valoir mon droit de citoyen à choisir de ne pas disposer d’un objet communicant.

Dans ce contexte, la ville de Biarritz recevra dans les prochains jours les représentants associatifs de Biarritz Antennes et la ville organisera une réunion publique avec des experts pour répondre aux interrogations des citoyens, dans le cadre de notre réflexion sur la modération de l’exposition aux ondes électromagnétiques.

* Biarritz fut la première ville du Pays Basque à recevoir un compteur LINKY en janvier 2016. 2800 auraient déjà été posés sur les 22000 foyers que compte la Ville.

*Lire le courrier de Francois Baroin

*Voir le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme.

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1 commentaires

  1. Maire d’une petite commune des Hautes Pyrénées, médecin retraitée et très bientôt habitante à Biarritz, j’ai lu votre article avec beaucoup d’attention car l’installation de ces compteurs Linky semble se faire « en force » sans tenir compte ni respecter les abonnés en ne leur fournissant pas les données scientifiques utiles et indépendantes absolument nécessaires! pourquoi ne pas sursoir à leur installation en attendant les résultats scientifiques?….pourquoi cette précipitation?
    Souvenons nous d’anciens scandales, sang contaminé,amiante,etc…
    Je vous remercie de votre engagement en tant qu’élu et médecin pour défendre l’environnement mais aussi la santé de vos administrés et patients.

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